
Charles Mbadingua
Analyste d'affaires senior
Implanter un WMS (Warehouse Management System), ce n’est pas juste une question de technologie. C’est un projet de transformation qui touche à la fois les opérations, les processus, les outils et les gens. Dans cette aventure, l’analyste d’affaires joue un rôle clé. On pense parfois qu’il se contente de rédiger des requis, mais en réalité, il est bien plus que ça : il est stratège, facilitateur, vulgarisateur et agent de cohérence.
Tout commence bien avant la sélection d’un système. Dès l’initialisation du projet, l’analyste contribue à poser les bases : quels outils utiliser pour collaborer efficacement ? Quelle méthode de travail adopter ? Comment organiser la gouvernance, les rôles, les comités, les fréquences de rencontre ? Il met de l’ordre, structure le démarrage, et s’assure que tout le monde part sur des bases claires.
Il entre ensuite dans une phase d’écoute active. L’analyste part à la rencontre des parties prenantes : opérations, finances, transport, TI. Il cherche à comprendre le contexte, les processus existants, les irritants du quotidien. Pourquoi veut-on un nouveau système ? Que cherche-t-on à améliorer ? Il ne se contente pas de notes : il anime des ateliers, pose des questions, reformule, confronte les idées. Son objectif est de cerner les vrais besoins derrière les attentes exprimées.
Les requis recueillis sont ensuite triés, regroupés, hiérarchisés. L’analyste les classe par thèmes, construit une grille de priorité (les fameux Must Have, Should Have…), et les documente dans une matrice de traçabilité. Ce travail rigoureux permet d’avoir une base claire pour la suite : le choix de la solution.
Lorsque le moment vient de lancer un appel d’offres, l’analyste est à la manoeuvre. Il prépare le cahier de charge, intègre les requis, structure les attentes, propose une méthode d’évaluation. Il aide à cibler les bons fournisseurs, coordonne les envois, puis analyse les réponses. Rien n’est laissé au hasard : chaque réponse est comparée à la matrice de requis, chaque critère est mis en perspective.
Les démonstrations fournisseurs, souvent décisives, sont aussi pilotées par l’analyste. Il conçoit les cas d’usage à démontrer, prépare les scénarios, organise les rencontres, enregistre les sessions. Il joue le rôle de filtre entre les fournisseurs et le client, en mettant l’accent sur ce qui compte vraiment. Il rassemble les équipes pour comparer les impressions et met à jour la matrice de traçabilité au fil de l’eau.
Une fois les démos terminées, il produit une analyse comparative. Pas une simple grille de points, mais une recommandation argumentée : points forts, points faibles, risques, coûts, écarts avec les requis. Il aide le client à prendre une décision éclairée, avec une vision d’ensemble.
Mais son rôle ne s’arrête pas là. Pendant la phase de design, l’analyste participe à la rédaction des spécifications, coordonne les ateliers de validation, suit les développements, discute avec les équipes TI, anticipe les tests. Il veille à ce que la solution réponde aux besoins, sans créer de nouvelles zones grises.
Quand vient le moment de la mise en production, il est encore là : documentation, plans de tests, formations, suivi des KPIs, gestion du changement. Il s’assure que la transition se fasse sans accroc, que tout le monde ait les bons outils, la bonne information, au bon moment.
En bref, l’analyste d’affaires dans un projet WMS, c’est un peu le chef d’orchestre de l’ombre. Celui qui relie les points, garde le cap, et veille à ce que la solution livrée corresponde à la réalité du terrain. Pas juste un traducteur de besoins… mais un acteur essentiel de la réussite du projet.