UA-161998954-2

Tarifs douaniers et guerre commerciale : comment les entreprises québécoises doivent s’adapter ?

Email
LinkedIn
Picture of Maxime Petit

Maxime Petit

Consultant principal - Chaîne d'approvisionnement

Ce n’est plus un secret pour personne, les récentes élections américaines ont conduit à une véritable ‘Guerre commerciale’ sous la forme de tarifs douaniers qui seront mis en place dans les prochaines semaines.

Aux dernières nouvelles, les tarifs envisagés par les États-Unis comprenaient: 

 Tarifs globaux sur l’acier et l’aluminium (Date d’entrée en vigueur provisoire: 12 mars 2025) 

  • 25% sur l’acier exporté vers les États-Unis 
  • 10% sur l’aluminium exporté vers les États-Unis 

 Tarifs douaniers spécifiques pour le Canada (Date d’entrée en vigueur provisoire: 5 mars 2025) 

  • 25% sur toutes les exportations vers les États-Unis sauf les produits énergétiques 
  • 10% sur les produits énergétiques  

 En plus de cela, le Canada compte riposter à l’aide de contre-tarifs qui seront, eux, imposés sur toutes les exportations états-uniennes vers le Canada. 

Contre-tarifs du Canada (Date d’entrée en vigueur: 5 mars 2025) 

  • 25% sur les produits en acier ainsi qu’une sélection de produits américains qui sera amenée à être élargie au fur et à mesure. 

Il est évident que ces mesures auront un impact direct sur toutes nos chaînes d’approvisionnement dont la résilience sera testée fortement dans les prochains mois et années. Face à ces menaces, il est essentiel pour les entreprises de comprendre les impacts de ces tarifs et d’explorer des stratégies adaptatives pour minimiser leurs effets négatifs.  

Impacts des tarifs douaniers sur les chaînes d’approvisionnement au Québec

Hausse des coûts d’importation et d’exportation

L’un des premiers effets des tarifs douaniers est l’augmentation des coûts d’importation pour les matières premières et les biens intermédiaires. Les entreprises québécoises qui dépendent des importations en provenance des États-Unis voient leurs coûts de production augmenter, ce qui peut réduire les marges bénéficiaires et la compétitivité sur les marchés internationaux. 

Au-delà du coût net de la matière première ainsi que la réduction des marges sur les produits exportés aux États-Unis, les coûts de transport se retrouveront également touchés par ces mesures. 

Risque pour la compétitivité des entreprises

Les tarifs rendent les produits québécois plus chers pour les acheteurs étrangers, réduisant ainsi leur attrait sur le marché américain. Pour les entreprises exportatrices, cela signifie une baisse potentielle de la demande, une réduction des marges et même un risque de perte de parts de marché.

Disruptions logistiques et nécessité de revoir les fournisseurs

Les changements réglementaires fréquents vont certainement causer des bouleversements sur toutes les chaînes d’approvisionnement, rendre les risques très imprédictibles et mettre à mal la coordination logistique des entreprises.  

Avec l’augmentation des coûts et des délais potentiellement allongés en raison des nouvelles barrières commerciales, les entreprises doivent envisager des alternatives en matière de sourcing et de logistique. Cela peut impliquer la recherche de nouveaux fournisseurs locaux ou internationaux hors des zones touchées par les tarifs.

Solutions à mettre en place pour atténuer les effets des tarifs

L’incertitude liée aux relations géopolitiques n’étant pas amenée à se résoudre d’ici les quatre prochaines années au moins, nous prônons à nos clients une approche stratégique et éclairée. Bien qu’il y ait des actions immédiates à mettre en place que nous détaillerons plus bas, il est important que les chaînes d’approvisionnement se réforment en profondeur avec l’objectif de les rendre plus résilientes et réduire leur dépendance aux possibles disruptions dans le monde de la logistique qui sont en hausse généralement depuis des années, pas uniquement à cause des tensions géopolitiques.  

Ci-dessous une présélection de stratégies à mettre en place pour atteindre cet objectif : 

1. Visibilité instantanée

Quand les paramètres changent aussi rapidement, il est bon d’avoir des informations instantanées sur toute sa chaîne d’approvisionnement pour prendre des décisions rapides et optimales. Cette visibilité va également de pair avec un système de gestion des données efficace qui est une nécessité à la réalisation de toutes les stratégies développées plus bas.  

Une bonne stratégie de données commence par des procédures de collecte et de consolidation de l’information renforcées entre toutes les parties prenantes de la chaîne. Cela passe par la mise en place et le suivi régulier de KPI remplissant chacun un objectif clair de mesure de la chaîne d’approvisionnement.  

Ensuite, ces bonnes pratiques mises en place peuvent être supportées par l’implantation d’outils performants qui peuvent traduire toutes ces données et les rendre disponibles à la prise de décision. En fonction de vos besoins et de ce que l’on souhaite suivre, de nombreux types de systèmes peuvent être mis en place :

  • ERP ou un module SCM (Supply Chain Management) pour le suivi général du processus de la chaîne d’approvisionnement; 
  • SRM (Supplier Relationship Management) pour gérer les échanges d’information avec les fournisseurs; 
  • Système S2P (Source-to-Pay) pour garder le contrôle et la visibilité sur les dépenses; 
  • TMS (Transport Management System) ou WMS (Warehouse Management System) pour la vue générale sur les transports ou l’entreposage; 
  • Une tour de contrôle construite au-dessus de tous ces systèmes pour générer des tableaux de bord encore plus performants et adaptés à l’utilisation rapide de l’information.

2. Gestion stratégique des fournisseurs

Avec ces nouvelles mesures douanières, il est plus que jamais important de connaître et comprendre sa base de fournisseurs stratégiques pour pouvoir facilement identifier tout risque potentiel lié à un fournisseur et connaître toutes les alternatives possibles pour chaque catégorie d’achat.

En priorisant le focus sur les catégories d’achat les plus stratégiques, une chaîne d’approvisionnement performantes doit pouvoir : 

Segmenter ses fournisseurs en fonction de leur impact stratégique sur l’entreprise pour être capable de prioriser les relations avec les fournisseurs stratégiques qui offrent une valeur ajoutée, une innovation ou des avantages compétitifs. Chez Conseil2.0, nous aimons travailler avec la matrice de Kraljic par exemple. 

Évaluer la performance de ses fournisseurs grâce à un système en place utilisant des critères clés tels que qualité, délais, coûts, innovation, flexibilité ou dans la situation actuelle, leur degré de remplaçabilité. 

Mesurer et gérer les risques liés à ses fournisseurs par rapport à la situation géographique, entre autres, mais aussi par rapport au risque environnemental, financier, sécuritaire, etc. pour prendre des mesures de mitigation de risques à temps. 

La mise en place d’une telle gestion et des systèmes qui vont avec (cfr. SRM mentionné plus haut) doit permettre à une organisation de facilement connaître ses catégories avec un haut risque de disruption lié à une dépendance aux fournisseurs, de négocier des partenariats stratégiques ou encore de partager certains risques sur la chaîne d’approvisionnement de manière transversale pour éviter toute cassure nette de cette chaîne.

3. Optimisation des coûts et de l’efficacité de la chaîne d’approvisionnement

Bien que ce soit un objectif intrinsèque à tout département logistique, les entreprises québécoises doivent continuer à renforcer l’efficacité de leurs chaînes d’approvisionnement afin de réduire au maximum toutes les pertes inutiles. En effet, avec la réduction des marges potentielles dues aux tarifs imposés, il est primordial de rester compétitifs et cela passe par un contrôle accru de tous les coûts de production. Ainsi, les entreprises seront capables de garder une marge suffisante pour pouvoir encaisser (temporairement) les fluctuations dans les marges à la vente. 

Réduction des coûts : Identifier les inefficacités dans les opérations pour réduire les coûts. Cela peut inclure l’automatisation des processus, la consolidation du transport, l’optimisation des routes ou la renégociation de contrats d’approvisionnements stratégiques. 

Optimisation des stocks : Gérer les niveaux de stock de manière plus stratégique en analysant les données pour éviter tout excédents ou rupture. La gestion des stocks « lean » permet de réduire les coûts liés au stockage tout en maintenant la flexibilité. 

Réduction des délais de production et de livraison : Raccourcir les cycles de production et de livraison afin de limiter l’impact des coûts supplémentaires sur les produits. Cela peut inclure une meilleure planification des approvisionnements et une gestion plus agile des inventaires.

4. Solutions à court terme (Quick Wins)

En plus de ces réajustements stratégiques nécessaires en vue des temps mouvementés qui s’en viennent, il y a évidemment aussi des actions utiles à mettre en place rapidement. Mais nous insistons une fois de plus sur le fait que ces actions n’auront que plus d’effet si elles reposent sur une vision long terme et sur de l’information à jour et disponible. Ci-dessous quelques exemples d’actions qui seront plus que probablement priorisées dans une majorité des entreprises québécoises ayant des liens importants avec les États-Unis : 

  • Ajustement des stocks : Augmenter les stocks avant l’application des tarifs pour atténuer les hausses de prix. Par exemple, une entreprise importatrice de composants électroniques pourrait anticiper ses commandes pour bénéficier des anciens tarifs avant l’augmentation. 
  • Recherche de substituts : Explorer des matières alternatives moins coûteuses et non soumises aux tarifs. Par exemple, dans le secteur de la construction, il est possible de remplacer l’acier importé des États-Unis par des produits fabriqués localement ou provenant d’autres marchés non soumis aux mêmes taxes. 
  • Optimisation des coûts via des achats collectifs : Regrouper les commandes avec d’autres entreprises pour bénéficier de réductions tarifaires et d’une meilleure négociation. Une association d’industriels québécois pourrait organiser des achats groupés pour réduire l’impact des hausses de prix ou accéder à des marchés plus éloignés en consolidant le transport et le volume.  
  • Redéfinition des routes logistiques : Explorer des itinéraires alternatifs pour éviter les zones avec des hauts tarifs douaniers. Par exemple, certaines entreprises québécoises commencent à expédier leurs produits vers l’Europe en passant par des ports canadiens plutôt que par des routes commerciales américaines. 
  • Investir dans la production québécoise : Aujourd’hui, le Canada est plus connu pour l’extraction de la matière première tandis que les États-Unis s’occupent de la transformation en produits (semi-)finis. Bien que cela prendra du temps pour développer certaines expertises, il serait judicieux de commencer dès maintenant à établir des partenariats locaux et réduire notre dépendance aux importations.

Une opportunité pour le changement au Québec

Bien que les récentes annonces de tarifs douaniers représentent un défi, ils offrent aussi une occasion unique de repenser l’approvisionnement et la gestion des chaînes logistiques. Plutôt que de subir ces changements comme une contrainte, les entreprises peuvent s’en servir comme un levier pour accélérer la transition vers des modèles plus résilients et durables. La diversification des fournisseurs, la relocalisation partielle de la production et l’intégration de technologies avancées deviennent des impératifs stratégiques qui, à long terme, renforceront la compétitivité du Québec. Ce contexte pousse les entreprises à sortir de leur dépendance aux marchés traditionnels, notamment les États-Unis, et à explorer de nouvelles opportunités commerciales à l’échelle nationale et internationale. Cette période de transformation peut ainsi marquer un tournant décisif vers une chaîne d’approvisionnement plus robuste, flexible et adaptée aux défis économiques mondiaux. 

De plus, les mesures d’adaptation mentionnées ci-dessus améliorent la logistique peu importe le contexte économique et rendent les chaînes d’approvisionnement plus robustes face aux chocs de marché, que cela relève de tensions géopolitiques, risques environnementaux ou encore de crises sanitaires.  

En conclusion, les tarifs douaniers imposés par les États-Unis ont et auront un impact considérable sur les chaînes d’approvisionnement québécoises, augmentant les coûts et posant des défis logistiques et stratégiques. Toutefois, ces changements peuvent être transformés en opportunités pour moderniser et optimiser les opérations. En mettant en place des solutions à court et à long terme, nos entreprises peuvent non seulement atténuer les effets négatifs des tarifs, mais aussi renforcer leur position concurrentielle pour l’avenir. Il est donc essentiel d’adopter une approche proactive pour faire face à cette nouvelle réalité économique et en ressortir plus forts.

Comment pouvons-nous vous aider ?

Chez Conseil 2.0, nous comprenons l’impact des tarifs douaniers et des changements géopolitiques sur vos chaînes d’approvisionnement. Nos experts en chaîne d’approvisionnement peuvent vous accompagner pour anticiper et atténuer les effets de ces perturbations.  

Grâce à des stratégies sur mesure, telles que la gestion des fournisseurs, l’optimisation des coûts, et la mise en place de solutions logistiques adaptées, nous vous aidons à renforcer la résilience de votre entreprise face à ces défis.  

Contactez-nous dès aujourd’hui pour découvrir comment nous pouvons vous aider à naviguer dans ce contexte complexe et protéger votre compétitivité à long terme.

Abonnez-vous à l'infolettre

Inscrivez-vous à notre infolettre pour visionner nos webinaires !

Vous serez alerté(e) dès que de nouveaux webinaires seront prévus.